________________________________________________________________________________ Les sans-papiers évacués de Paris-VIII Depuis deux mois, ces étudiants occupaient un amphi de Saint-Denis. Par CHARLOTTE ROTMAN Le mardi 28 mars 2000 Depuis hier matin, des grilles métalliques barrent les entrées de l'amphi X. Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces de police ont évacué l'amphithéâtre de l'université de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) qu'occupaient depuis neuf semaines des étudiants sans papiers en lutte pour leur régularisation. Ici, l'administration accepte depuis toujours les étudiants sans vérifier leurs papiers. «Nous avons une tradition d'ouverture et de tolérance vis-à-vis des étudiants étrangers à laquelle nous tenons», affirmait encore il y a quelques semaines Renaud Fabre, le président de l'université. Comme 26 000 autres étudiants, plusieurs centaines de sans-papiers se sont inscrits à Paris-VIII à la rentrée 1999. Ils ont donc leur carte d'étudiant... mais pas de titre de séjour. Aussi, en novembre dernier, une poignée de sans-papiers tunisiens initient un mouvement pour obtenir une régularisation collective. Leur revendication tient dans une équation simple: «carte d'étudiant = carte de séjour». Ils fondent le Cleps, le comité de lutte des étudiants sans papiers. Et, le 21 janvier, ils investissent un amphi. Dortoir la nuit, salle d'AG le jour, l'amphi X devient leur territoire, un sanctuaire dans lequel ils se sentent protégés. De son côté, la présidence engage des démarches de régularisation auprès des préfectures mais «elle a toujours considéré l'occupation de cet amphi comme une remise en cause de son autorité et n'a qu'une obsession depuis le début: la faire cesser», estime une enseignante. De fait, mercredi dernier, les étudiants de Saint-Denis ont trouvé porte close. Au motif de la «sécurité», comme l'explique l'administration. La veille, les sans-papiers avaient empilé des chaises et des tables pour bloquer l'accès principal de la fac, et distribuer des tracts. Cet entassement de mobilier, que Renaud Fabre appelle sans ironie «les barricades», constitue un prétexte parfait pour faire intervenir les forces de l'ordre. Les sans-papiers s'inquiètent. Ils redoutent une évacuation musclée. L'évacuation «décidée à ce moment-là», selon le propre aveu de Renaud Fabre, n'intervient pourtant que quelques jours plus tard. Dans le calme, vers une heure et demie du matin, lundi, l'amphi X est vidé de ses 24 occupants par les forces de l'ordre. «Nous n'avons pas opposé de résistance», explique Abdel. «Nous avons juste pris nos cartables et nous sommes sortis», raconte Moez. La veille, à Lille, la centaine de sans-papiers et d'étudiants qui occupaient l'IEP (Sciences-Po) avaient, eux aussi, été évacués. Cet après-midi, de Saint-Denis ou de Lille, ils espèrent se retrouver pour manifester leur colère devant le ministère de l'Intérieur. ________________________________________________________________________________ no copyright 2000 rolux.org - no commercial use without permission. is a moderated mailing list for the advancement of minor criticism. more information: mail to: majordomo@rolux.org, subject line: , message body: info. further questions: mail to: rolux-owner@rolux.org. archive: http://www.rolux.org